The Paris Review: Dans Steering the Craft, vous affirmez, à la fois en tant que lectrice et auteur: « Je veux reconnaitre quelque chose que je n’ai encore jamais vu. »
Ursula K. Le Guin: C’est en lien direct avec la nature même de la fiction, et cette sempiternelle question: « Pourquoi ne pas écrire sur ce qui est réel ? » Un bon nombre de lecteurs américains du XXe siècle – et du XXIe – pensent que c’est tout ce qu’ils veulent, de la non-fiction, qu’ils refusent de lire de la fiction parce que ce n’est pas réel. Une opinion incroyablement naïve. Seuls les humains produisent de la fiction, et seulement en certaines circonstances. Nous en ignorons les buts précis. Mais l’une des choses que la fiction accomplit est de vous faire reconnaître ce que vous ne saviez pas avant. C’est ce que cherchent bon nombre de disciplines mystiques : tout simplement voir, vraiment, et être éveillé. Ce qui signifie que vous reconnaissez les choses qui vous entourent avec plus d’acuité, et que ces choses semblent nouvelles. Avoir un « regard neuf » et la reconnaissance sont en réalité la même chose.
Texte: Ursula K. Le Guin, extrait d’une interview pour « The Paris Review », traduite et reproduite dans le n°78 de la revue Bifrost (https://www.belial.fr/revue/bifrost-78) consacré à l’autrice. Allez le lire, l’interview et le dossier sont passionnants. Trad en français: Erwan Perchoc.
Image: Photo d’Ursula K. Le Guin.
J’aimeJ’aime