« Aujourd’hui encore, je me souviens
Des paroles de ma bien-aimée,
Epuisée par les fatigues de l’amour: cent mots doux maladroits et délicieux
Un murmure indistinct, des propos plein d’embarras,
La douceur des syllabes entremêlées.
Aujourd’hui encore,
Même dans une autre vie, même à l’heure de ma mort,
Je me la rappelle: ses yeux affolés par l’amour qu’elle fermait,
Son corps menu affaissé, son corsage et ses cheveux défaits ;
Elle était une oie royale dans ce massif de lotus: l’amoureuse passion.
Aujourd’hui encore,
Mon amante aux yeux de jeune gazelle,
Portant deux jarres emplies d’ambroisie – ses seins – ,
Si au déclin du jour je pouvais la revoir,
Je dénoncerais au ciel, à la Délivrance, au bonheur d’être roi.
Aujourd’hui encore, je me souviens d’elle:
Parmi les femmes sublimes qui vivent sur la terre,
Elle était, par la merveille de tout son corps, un premier et unique trait de lune,
La coupe où je goûtais la saveur suprême du théâtre de la passion amoureuse
– Mon aimée qu’avait blessé la flèche du dieu armé de fleurs. »
Un (trop court) extrait des sublimes « Stances des amours d’un voleur » par Bilhana, recueil de poésies amoureuses et érotiques indiennes, publiées l’année passée aux excellentes éditions Fata Morgana (http://www.fatamorgana.fr/livres/stances-des-amours-d-un-voleur), traduites et présentées par Sylvain Brocquet, et illustrées par une peinture cheap proposée à la vente sur un quelconque site de reproductions d’images.
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